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Bras de fer entre les producteurs de via Bras de fer entre les producteurs de viande bovine et les abatteurs

Le ministre tente d'arbitrer la partie en remettant l'interprofession en selle. Les résultats se font attendre.

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Quand un opérateur industriel représente plus de la moitié des volumes traités par son secteur, il devient une cible privilégiée. C'est aujourd'hui le cas du groupe Bigard-Socopa. Quand les producteurs veulent obtenir une hausse des prix à la production, ils s'attaquent d'abord à cette entreprise.

Dès la fin de l'été, la Fédération nationale bovine (FNB) hausse le ton au sujet des prix à la production. Les opérations de stickage dans les grandes surfaces s'organisent mais ne débouchent sur rien de palpable.

A la fin d'octobre, la FNSEA reprend la main et menace, avec ses associations spécialisées, de durcir ses actions si les cours ne remontent pas d'ici le 15 novembre 2010. Finalement, le 7 novembre 2010, la FNB bloque avec ses troupes une petite dizaine d'outils du groupe Bigard.

Le ministre de l'Agriculture saisit la balle au bond et joue sa carte préférée en cas de crise : celle de l'interprofession. Il nomme un médiateur et somme la filière de s'entendre pour que le travail des éleveurs soit rémunéré à sa juste valeur. Il menace les protagonistes de légiférer sur les machines à classer et la contractualisation.

L'interprofession retrousse ses manches et se réunit au grand complet. C'est finalement à la FNSEA que le conflit se dénoue le 10 novembre 2010. Bien loin des 60 centimes par kilogramme revendiqués, le syndicalisme majoritaire accepte de lever les blocages contre une hausse de 2 centimes par kilogramme des réformes laitières et de 5 centimes pour les allaitantes. « Tout ça pour ça ! », diront certains.

La Confédération paysanne remet le couvert le 12 décembre 2010. Sa revendication est la même que celle de la FNB : 60 centimes par kilogramme. Elle bloque l'abattoir Charal à Cholet (Maine-et-Loire) et a fort à faire face aux salariés de l'industriel, qui font sauter un des barrages. Le 14 décembre 2010, le syndicat lève le camp après avoir décroché un rendez-vous avec le cabinet de Bruno Le Maire. « Tout ça pour ça ! », lui répondront certains.

La Confédération paysanne défend l'idée d'une table ronde avec tous les intervenants de la filière, y compris les syndicats minoritaires. Selon elle, le ministère n'a pas fermé la porte à cette idée. Mais il n'a toujours rien annoncé. Il attend sans doute les chiffres de l'Observatoire des prix et des marges pour savoir comment est répartie la valeur ajoutée dans la filière. Mais une fois ces chiffres en main, que pourra-t-il en faire ?

 

Les contrats font débat

Le ministre de l'Agriculture veut des contrats. Qu'à cela ne tienne, la FNB lui en a mijoté un aux petits oignons. Elle en a fait le plat de résistance de son assemblée générale en février bien avant l'adoption de la loi de modernisation agricole.

L'objectif est de sécuriser la marge des éleveurs en s'appuyant sur leur coût de production. Et elle accompagne le tout d'une caisse de sécurité approvisionnée par les éleveurs et l'Etat.

Coop de France ne dit pas non à ce projet. Mais elle pose ses conditions, notamment la prise en compte des contrats qui existent déjà chez ses adhérents. Elle attend aussi des garanties juridiques, se souvenant de l'amende infligée par Bruxelles quelques années plus tôt.

Certains de ses adhérents souhaitent aller plus loin que la FNB. Ils proposent d'élargir le contrat aux distributeurs et de ne pas le limiter à un accord entre l'éleveur, l'organisation de producteurs et l'abatteur.

Finalement, Coop de France présentera en novembre son propre plan ciblé sur les récents investisseurs. Il fait lui aussi appel à l'Etat pour financer une caisse de sécurisation.

Quant aux industriels de la viande, dont le président est Jean-Paul Bigard, il n'est pas question pour eux de signer des contrats garantissant un prix à l'achat.

 

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